• REVUE DE PRESSE – LE
DIABLE PROBABLEMENT N°6
RADIO

« La revue des revues », émission du 1er juin 2009, invités : Anaëlle
Lebovits et Deborah Gutermann.
« Les nouveaux chemins de la connaissance »
(émission de Raphaël Enthoven) et « À plus d'un titre » (émission
de Jacques Munier).
PRESSE
La Lettre mensuelle de l'ECF, n°
280, juin 2009.
Une revue à lire nécessairement
Le Diable probablement,
n° 6, « L’amour du risque »
Le sixième numéro de la revue
Le Diable probablement
vient de paraître. Le dossier consacré à « l’amour du risque » ouvre
une brèche dans le mur actuel du refus de la perte.
Ce
titre résonne à deux niveaux, celui du risque inhérent au désir mais
aussi celui de l’amour. Vers le calcul total de toute jouissance, ces
mots dérangent, ils échappent, emportent celui que l’on veut au
contraire mesurer, cadrer, et maintenir dans les sillons d’une entropie
minimale voire nulle, au mépris de toute différence.
Par son
thème, par le choix d’invités prestigieux à en débattre, Jean-Michel
Carré, Bernard-Henry Levy, Gérard Pfauwadel, par l’engagement vigoureux
de chaque auteur, ce numéro fait exister en acte l’« amour du risque »
paradigmatique de la dimension politique de la revue.
Ses jeunes
éditeurs nous reconduisent à l’orientation que les analystes prennent
du réel à le situer comme « effet de la castration » que le signifiant,
chez l’être parlant, impose à la jouissance.
L’inéliminable fait
butée, c’est ce qui est évoqué dès l’introduction et donne le ton.
Notre époque balance entre les risques inconsidérés de certains et
l’exigence pour les autres du « risque zéro », écrit Anaëlle Lebovits.
« Il est d’ailleurs fort probable que l’un n’aille pas sans l’autre,
que le premier réponde au second et en signe pour ainsi dire le retour
au sens où l’on parle en psychanalyse du retour du refoulé. La folle
exigence du risque zéro aurait ainsi pour corrélat la production de
catastrophes. »
Les auteurs ne sont pas de ceux qui surfent à la
surface des choses ; ils se sont glissés dans les interstices, ont
exploré les coins et les recoins du discours du maître contemporain et
ils nous montrent à quel point aucun domaine n’échappe à l’avancée du
non-engagement que l’uniformisation réclame. Ils mettent en lumière ce
qui est bien plus qu’un fait social isolé, qu’une manoeuvre politique
transitoire, la dimension de Kultur,
pour l’écrire comme Freud, de civilisation dont il s’agit.
Après le paradoxe « du bonheur dans le mal » introduit par Sade qui
traverse le siècle précédent, Le
Diable probablement épingle la fin de toute énigme et l’Aufhebung
du tout comptable qui aujourd’hui « chemine dans les profondeurs du
goût »1. Le paradoxe, en revanche, dévoile que le goût n’a plus de
saveur, le corps, la « livre de chair » tendent à se dissoudre.
C’est
en ce point qu’opère la revue, le point de la restitution. Par une
série d’articles courts et documentés, incisifs et précis, le lecteur
est convié à interroger ce que le mot responsabilité veut dire.
Le dossier
consacre une large part à la justice et aux liens de celle-ci avec la
psychiatrie. Qu’en est-il de la responsabilité du fou criminel ? Cette
question y retentit dans un champ plus vaste, celui de la place faite
en amont, refusée et non ménagée, à la parole du sujet en voie de desaliénation.
C’est à ce refus que répondent, en aval, les lois de rétention de
sureté avec l’invention de cette monstrueuse chimère : l’homme
dangereux parce que dangereux, qui abolit le sujet.
Au fil de la
lecture, on découvre la logique de la métonymie qui conduit à l’homme
transparent, transparent à l’Autre social. L’espace esthétique est
saturé, le risque économique est acéphale, le sexe est branché sur
machine, même James Bond est indifférent à ses partenaires, découvrez,
lisez ! Soulignons, en guise de conclusion, un article consacré à deux
historiens juifs de la Shoah, à leur « impératif d’énonciation
subjective accompagnant le travail de réflexion à visée conceptuelle ».
S’impliquer reste aussi notre boussole.
FRANCESCA BIAGI-CHAI
1. Jacques Lacan « Kant avec Sade », Écrits, Paris : Seuil, 1966, p.
765.

Anaëlle
Lebovits interviewée dans Madame Figaro du 17 octobre 2009 : « À vingt
ans, je ne savais
pas que le temps passait, confie Anaëlle Lebovits, 29 ans,
psychanalyste en formation, à la tête de la revue politique Le Diable
probablement. A presque trente ans, j’ai conscience que c’est
maintenant que les choses se jouent, que nous pouvons prendre notre
place dans la Cité, s’en faire responsable, en être. L’enjeu est de
taille .»