• REVUE DE PRESSE – LE
DIABLE PROBABLEMENT n° 7
RADIO

« À plus d'un titre »,
émission de Jacques Munier, 13 novembre 2009, invitée : Déborah
Gutermann.
PRESSE
La Cause freudienne, n° 72, novembre 2009


La Lettre mensuelle de l'ECF, n°
282, octobre 2009.
Le Diable et la défense du réel
Le Diable probablement,
n° 7, « Are you connected? Actualité
des nouvelles technologies »
La petite bande du Diable probablement a encore frappé
avec le numéro sept : « Are you
connected?
Actualité des nouvelles technologies ». Ils ont l’idée de faire de la
résistance face à l’idéologie des NTIC qui perfectionne la suppression
du sujet par la science en instaurant, via le PC et le net,
l’évaluation généralisée, la surveillance et la transparence. Souriez,
vous êtes connectés, tracés, googlelisés,
facebookés, blogués,
filmés, localisés. Comme il est dit dans la revue, on passe aujourd’hui
de big brother à little sister
qui saura mieux que son grand frère dire tout de ce que vous faites. Le
crime du branchement des corps sur le réseau a commencé au siècle
dernier et, comme le montre Anaëlle Lebovits, Michael Jackson figure
bien ici la victime exemplaire. Réduits à des bits, pixellisés, nous
serons forcés de nous maintenir en vie par un doping
permanent adapté à notre vie de zombie électronisé. Le médium des TIC
se saisit du grand corps de l’humanité pour le dévorer en commençant
par le meilleur : le langage. Les SMS grignotent-ils ce langage ou
sont-ils branchés sur la lalangue
? Sans doute les deux ! Sont-ils, là aussi, pour nous empêcher de
penser ? Les TIC vont-elles dissoudre pour cela l’élément fixe,
l’invariant, le signifiant-maitre ? Wikipédia,
qui s’y emploie, n’est pas une encyclopédie souple et molle, elle est
molle car le projet de l’encyclopédie n’est plus, comme il y a deux
siècles, un combat culturel pour chasser le fanatisme et
l’obscurantisme. Ces deux choses fleurissent d’ailleurs très bien sur Facebook
où on zappe les sujets, non pour cas de haine caractérisée de
l’humanité, mais seulement ceux qui sont les doux, pour faire du
chiffre et pour multiplier les abonnés qui résistent en se dédoublant.
Clémence La Sagna, qui fait partie des amis de l’auteur de cet article,
nous montre comment l’architecture cherche aujourd’hui à être autonome
au regard des formes héritées du passé. Architecture réalisée avec
l’aide des ordinateurs qui se substituent ici à l’homme. De là à se
débarrasser du sujet architecte il n’y a qu’un pas qui sent pourtant sa
« fourbe dissimulation de l’architecte » qui opère alors, en secret, un
retour. Pour sortir des formes anciennes, comme le voudrait
l’architecte Peter Eisenmann, pourquoi ne pas passer par le trou de
l’inconscient, avec le sujet ? Alice Delarue nous apprend dans le Diable comment ne plus être seul :
avec Google latitude,
chacun peut savoir où vous êtes et vous dire… qu’il est derrière vous
en train de manger un sandwich ! Le net, au départ, c’était un peu de
science, un peu de guerre et beaucoup de branchés sympathiques.
Aujourd’hui, c’est un peu d’info et beaucoup de marché, demain ce sera
peut-être, si nous n’y prenons pas garde, encore plus de marché et de
police et des branchés forcés. Les politiques peuvent-ils faire autre
chose dans ce domaine difficile que de gesticuler et nous faire part,
parfois, à leur insu, de leurs secrètes et peu ragoûtantes pensées
grâce au net ? Personne en réalité ne semble vraiment armé, against the machine,
et si la science n’est pas toute la machine, elle participe. Par contre
on peut, pour résister, lire Claude Lanzmann comme le fait Anaëlle
Lebovits, ou saisir que les cubes, traces de la Shoah, de Peter
Eisenmann à Berlin nous regardent. On peut aussi comprendre comment la
psychanalyse résiste bien à toutes ces connexions avec l’interview
d’Agnès Aflalo qui commente le ratage de l’assassinat programmé du truc
freudien par les TCC. La psychanalyse permet seule de saisir le ressort
sexuel de la machine, c’est là que l’humain se distingue définitivement
d’elle. C’est là aussi la question éternelle (depuis Folamour jusqu’à IQ)
de Stanley Kubrick ; mais il rate le fait que c’est dans l’inconscient
réel que l’on saisit le sexuel plus que dans le fantasme ou le mythe (Eyes wide shut).
Jean Bollack, interviewé à la fin de ce numéro très réussi, résiste
aussi très bien à la connexion, comme le texte grec ; il en maintient
l’intraduisible en pensant le traduire… Peut-être y a-t-il ici l’indice
de ce qui fait que l’humain résiste : il sait faire du réel, il sait
aussi ne pas l’oublier et le transmettre, à travers l’empire des
semblants du net et de la pensée…
PHILIPPE LA SAGNA