• REVUE DE PRESSE – LE
DIABLE PROBABLEMENT n° 9
RADIO, TELEVISION

Fréquence protestante reçoit Aurélie Pfauwadel, le 3 octobre (podcast
disponible sur frequenceprotestante.com)

L'essai du jour par Jacques Munier, le 9 septembre 2011.

Rendez-vous chez Lacan, film de Gérard Miller, diffusé le 5 septembre
2011.
PRESSE, WEB

L'Ours n° 413,
décembre 2011


Le Magazine littéraire n° 513, novembre 2011


Le Monde des livres, 8 septembre 2011
Le XXIe siècle est
d'ores et déjà lacanien par Catherine Clément

Marianne, 17 septembre 2011
Jacques Lacan, génie
ou imposteur ? par Alexis Lacroix et Philippe Petit.

Libération, 1er septembre 2011
« Livres. Vient de paraître... » par Eric Aeschimann
On
retrouve Milner dans le numéro spécial de la revue Le Diable
probablement […] consacré à Lacan, avec des interventions de
Jacques-Alain et de Judith Miller, Philippe Sollers, Pierre Michon,
Roland Castro ou encore Benoît Jacquot (qui tourna le célèbre entretien
télévisé de Lacan en 1973).

La République des livres, le
blog de Pierre Assouline, 7 septembre 2011
Miller au Seuil : finies les lacaneries !
Sur
ce sujet et d'autres, il (JAM) vient d'ailleurs d'accorder un entretien
très complet au Diable probablement (170 pages, 15 euros, Verdier),
revue qui réussit l'exploit d'être lacanienne sans être psychanalytique.

Forum des psychiatres
Le
9 septembre, cela fera 30 ans que Lacan est mort. La revue célèbre cet
anniversaire, fidèle à sa méthode associant jeunes et moins jeunes
intellectuels.
En un mot : on la prend, on
l'ouvre, on la dévore et l'on ne peut s'arrêter jusqu'au point d'orgue
inouï d'un entretien à bâtons rompus avec Jacques-Alain Miller,
légataire testamentaire de l'oeuvre de Lacan, rédacteur du Séminaire,
praticien génial et théoricien adepte de clarté. On n'a jamais lu ça.
Le site de la revue, c'est ici

Librairie Mollat
Dans
le neuvième et dernier numéro de la revue « Le Diable probablement »,
intitulé « Pourquoi Lacan » - sans point d'interrogation –, diverses
personnalités du monde intellectuel et artistique sont interviewées sur
leur rapport au psychanalyste (Pierre Michon, Catherine Clément,
Jacques-Alain Miller, François Cheng, Eliette Abecassis, Roland Castro,
Benoît Jacquot, Judith Miller et d'autres encore). Philippe Sollers,
lui, expliquant pourquoi il n'aurait à l'époque manqué pour rien au
monde une séance du séminaire, s'interroge de la sorte : « Qu'est-ce
qu'on dit quand on dit que Lacan est mort ? » La question de l'écrivain
interpelle le sens même du geste commémoratif.
Or, loin de toute
satisfaction nostalgique pour l'éclaireur du retour à Freud, il s'agit
plutôt de se laisser inquiéter joyeusement par la subversion toujours
plus actuelle de son enseignement. D'autant plus qu'à lire ces nouveaux
fruits, ce séminaire, ces conférences, on mesure combien il a su
penser, voire prédire de manière étonnante certaines transformations de
notre temps. Lacan-Nostradamus ! Cette boutade de Jacques-Alain Miller
ne fut pas évoquée pour rien.
Association de la Cause freudienne -
Aquitania
LE TRIP DU DERNIER CAPITALISTE
« Ce n’est pas pour rien que
Freud insiste sur la dimension essentielle que donne à notre expérience
de l’unheimlich le champ de
la fiction. Dans la réalité, celle-ci est trop fugitive. La fiction le
démontre bien mieux ».
Jacques Lacan,
Le Séminaire, livre X.
La courte nouvelle de Martin Quenehen, Le Trip du dernier capitaliste,
parue dans le numéro spécial du Diable
probablement,
illustre heureusement la clinique lacanienne de l’angoisse, en même
temps qu’elle vérifie subtilement un « Pourquoi Lacan ».
Armand est le dernier capitaliste. Il a l’idée d’un trip : cambrioler
le cabinet du Docteur Lacan. Il va pousser la porte du 5 rue de
Lille lorsque « la sirène d’un car de police (le) fait sursauter. Il se
rencogne dans l’ombre de la porte cochère. C’est pas le moment de
flancher, pense-t-il. Le panier à salade passe sans ralentir. Respire :
les pandores ne sont pas là pour toi ». Ils sont pour les
étudiants de mai 68. Sur les murs de la ville, on lit : « On
achète ton bonheur, vole le ». Ce coup-là résonne comme un commandement
à jouir pour Armand. Il pousse la porte cochère et traverse la petite
cour pavée.
Martin Quenehen nous livre en trois tableaux une petite série
d’impressions qui font penser à un conte fantastique. Comme du Hoffmann
revivifié. Lacan, donc, ce supposé « type bourré de fric »
et que « tout le monde paye en espèces » est la victime désignée
dans cette fiction. Armand s’avance à tâtons dans l’appartement
enténébré. L’action arrache à l’angoisse sa certitude. Il devient
méthodique, ferme les rideaux avant d’allumer sa lampe torche.
Armand cherche la vérité quelque part dans un coffre-fort, nous-dit
l’auteur en épigraphe, citant Lacan. Il décroche une esquisse. Il n’y a
pas de coffre, seulement un portrait de saint homme. Les petites
chevilles n’entrent pas dans les petits trous, dirait Lacan : Armand
s’agace. Un n’y
explétif marque la discordance de la crainte et de l’espoir. « Se
pourrait-il que ce que je suis venu chercher ici n’y soit pas ?
». Une sirène policière répète son braiment. L’affect, de ne pas
trouver de logement, vient au corps : Armand trésaille, soupire.
Soudain, il découvre une trappe singulière, sans serrure, juste
un anneau. Le signifiant « soudain » se répète à chaque tableau,
signalant l’imminence du réel.
L’angoisse va jouer le rôle d’un barrage contre le pacifique maternel.
Incrédule, Armand s’avance vers un rideau qu’il essaie de tirer.
Celui-ci se décroche et lui tombe dessus. Il se débat dans l’obscurité
et ce dont il a du mal à se dégager, qu’il a entre les mains, se révèle
être la robe imprégnée du parfum de sa mère. Quoi de plus unheimlich, étrangement familier ?
Armand perd ses repères, crie. Il est rattrapé dans la trappe de son
narcissisme. Lui, le dérobeur, devient le dérobé, mis à nu par
cette frusque même.
Deuxième tableau, entre rêve et réveil. Armand vient se cogner le
pied dans un gros bouquin qu’il prend pour un butin potentiel. Las, ce
n’est qu’un vieux grimoire, le « Dictionnaire encyclopédique des
signifiants-maîtres ». Et ce qu’il lit, en haut de la première
page, à la lettre A, c’est son prénom : Armand.
Alors, écrit Martin Quenehen, « Les cheveux se dressent sur son
crâne. Une goutte de sueur glaciale descend en chute libre le long de
sa colonne vertébrale ». Un questionnement surgit, révélant
l’étrangeté du désir de l’Autre.
Troisième tableau : Armand aperçoit une lueur. Il accélère, met le pied
dans une flaque. Est-ce une fuite ? Explore-t-il un égoût ? Un
liquide ruisselle depuis le plafond. Il approche ses doits mouillés de
son nez, goûte. Ce sont des larmes, une rigole de larmes. « Ce couloir
est cinglé » dit-il, frôlant la dépersonnalisation. La lueur
brille plus fort. Il finit par mettre la main sur une liasse de
billets. Le corps vient se mêler à la pensée. « Un sourire
extra-large fend (son) visage ». Mais la jubilation, à la
différence de l’angoisse, qu’elle négative, est un affect trompeur.
Armand se retourne et découvre un miroir. La lueur n’était qu’un
reflet. C’est son image qu’il distingue peu à peu, dans sa tenue
noire de cambrioleur aux poches pleines. Cette image ressemble au
double inversé du Gilles de Watteau. Tableau mystérieux s’il en est.
L’effet d’unheimliche est de
nouveau au rendez-vous.
Ce qui nous est familier, c’est de rencontrer dans le miroir notre
image. Elle n’y est pas - ou elle est autre. Une présence
ailleurs s’y manifeste, ici sous la forme de ce pierrot
énigmatique, coupé de toute historicité. Alors, dit Lacan, l’image est
la « reine du jeu …et l’image spéculaire devient l’image du double,
avec ce qu’elle apporte d’étrangeté radicale ».
Dans ce récit, l’intraduisible atteint son acmé lorsqu’une poignée
découverte sur les bords du miroir précipite Armand de l’autre côté,
dans la rue. La glace est une psyché. Le miroir bascule. Une
ombre humaine qui le percute lui dévoile la vraie nature
d’une des liasses tombée sur le trottoir : des anciens francs !
S’ensuit une conjoncture de déclenchement : « Descartes lui adresse un
sourire ironique »… « Il tombe nez à nez avec Le Verrier ».
En effet, nous sommes à des années-lumière de la maison de l’homme, Heim.
Sur le chemin par où Armand cherche sa jouissance, il prend le chemin
qui apparemment s’en écarte le plus. Celui qui le conduit à son désir.
En deçà, il rencontre l’angoisse.
C’est devant un miroir que nous sommes conduits. Ce trait est un repère
structural toujours retrouvé. L’introduction au monde de l’angoisse
passe par ce qui s’ouvre de ce champ et se trouve limité par son
cadre : « l’angoisse est encadrée ». L’unheimlich
l’annonce et en désigne le cœur. Avec le schéma optique, Lacan souligne
la méconnaissance radicale qui fonde la consistance imaginaire de notre
corps et nous détourne de son bord. Dès que l’illusion se dissipe,
apparaît la place vide qui soutient l’image narcissique. En quelque
sorte, le coffre qui fascine Armand montre le vide de l’objet qu’il
contient. Nous savons, depuis Lacan, qu’il y a affect
d’angoisse quand cet objet pas comme les autres, l’objet a, apparaît à cette place vide.
Dans Le Trip du dernier capitaliste,
l’angoisse est apprivoisée par les rets de la fiction. Mais quelque
chose offre au lecteur une « sensation dérangeante », réjouissante et
juste, jusque dans la finesse de ses détails.
P. Zilberbusz-Mazière
Radio-a.com
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